Jean-Philippe et Aurélie Mournaud ont choisi d’élever des races adaptées aux conditions particulières des pâturages dans les marais.

Pour les vaches ce sont des limousines. La limousine est une belle une vache de couleur marron. Elle est réputée pour sa rusticité, ses qualités maternelles et la qualité gustative de sa viande, parmi les meilleures, à la fois tendre et fine.

Pour les moutons, ils choisissent la race suffolk, une race ovine originaire d'Angleterre. Le suffolk a la laine blanche et la peau noire. C'est une race assez prolifique, surtout réputée pour la formidable précocité de ses agneaux, qui ont une très bonne croissance ainsi qu'une bonne conformation, et cela sans excès de gras. Ils aiment ces moutons tant pour leur apparence que pour la qualité et le goût de leur viande.

 

Le troupeau des ovins est composé d’environ 250 brebis, et d’environ 250 agneaux à l’année… plus 8 béliers reproducteurs. Le troupeau est réparti en 3 lots (où les naissances sont étalées dans l’année en 3 périodes) : deux troupeaux d’une centaine d’animaux chacun et le troisième d’une cinquantaine de bêtes.

Cette année, ils vont acheter 3 béliers à un éleveur spécialisé dans les reproducteurs ce qui garantit des bêtes sélectionnées génétiquement. Leur « carrière » de reproducteurs est d’environ 6 à 7 ans. Pour ces achats très coûteux, ils se sont associés avec un autre éleveur installé dans l’Eure, ce qui leur permet de négocier des tarifs plus intéressants tant pour l’achat que pour le transport puisque ces béliers proviennent de la Somme.

De même, pour un renouvellement des « sangs » ils vont devoir racheter environ 20 agnelles d’un autre troupeau. C’est un coût conséquent car ces animaux reproducteurs valent environ trois fois le prix d’un agneau de viande.

Les brebis ont en moyenne 1 petit par an.

 

 

Le troupeau des bovins on compte actuellement 127 têtes : vaches, taureaux et veaux.

Pour les bovins aussi il y a 3 troupeaux d’environ une vingtaine de vaches.

Aurélie et Jean-Philippe vendent à peu près 25 veaux par an. Tous les mâles sont vendus au stade de veaux, ils ne souhaitent pas les castrer et moins encore les vendre au maquignon.

Depuis peu, ils gardent toutes les femelles., car ils ne souhaitent pas être en situation de vendre des bêtes au « marchand », au maquignon qui les revend ensuite pour les faire partir à l’étranger dans des camions, vers l’Espagne par exemple. Alors ils ont commencé à garder les femelles pour en faire des génisses à viande qu’il faut élever jusqu’à l’âge de 3 ans. Pour cela ils ont dû trouver de nouveaux terrains à pâturer dans les alentours. Leur espoir est de pouvoir commercialiser une à deux génisses par mois soit 15 à 20 par an.

Cette année, ils vont acheter un nouveau taureau (d’une variété de limousine naturellement sans corne [1] )… qui coûte environ 5 000 euros !

Les vaches font leur premier vêlage vers l’âge de 3 ans. Idéalement elles ont 1 veau par an, mais en pratique à la ferme c’est plutôt un veau tous les 14 mois environ. Dans la moyenne des élevages, les vaches ont des veaux jusqu’à 8 ans, mais souvent c’est jusqu’à une douzaine d’années. Chez les Mournaud il y a une à deux vaches de réforme par an en moyenne.

[1]  De plus en plus de bovins de race limousine naissent désormais sans cornes. C’est le résultat d’une recherche génétique qui date de plus de 20 ans. Le gène "sans corne" ou le gène "polled" existe naturellement chez des races anglo-saxonnes comme l’angus. C’est un gène dominant. On obtient donc des vaches sans corne à la suite d’une sélection génétique. Plus pratiques pour les exploitants, les vaches sans corne évitent surtout l’écornage. Une opération douloureuse, traumatisante pour la bête et fastidieuse pour l’éleveur.

Aurélie donne le biberon à la jeune Thalie, une jumelle qui a eu des débuts difficiles, mais s’est bien rattrapée !
Somalie, la doyenne du troupeau a 21 ans.
Nébuleux, un des 3 taureaux

 

L’alimentation des animaux

Les vaches et les moutons se nourrissent essentiellement de l’herbe de leurs prés.

Ils mangent aussi, durant toute la période sous abri, un mélange de foin et d’enrubannage.

Le foin contient environ 40 % de matière sèche et d’enrubannage de l’ordre de 60 %. L’un et l’autre ont des apports complémentaires : l’enrubannage est plus riche alimentairement (plus de sucres solides) par contre comporte moins de vitamine D par exemple (que le soleil apporte au foin sec). Mais le prix de revient de l’enrubannage est beaucoup plus élevé aussi. Pour une nourriture équilibrée des animaux il faut un mélange des deux à peu près à 50 / 50%.

Lorsque l’herbe est bien avancée et haute elle est transformée en foin qui a besoin de beaucoup de soleil pour le séchage. Lorsqu’elle est plus courte (à la seconde coupe de la saison par exemple) elle sera plutôt traitée en enrubannage.

Cette machine, spécialement développée permet de hacher en partie et mélanger foin et enrubannage lors des distributions d’hiver sous les hangars

Les parcelles servent, en alternance, au pâturage et à la coupe d’herbe.

Jean-Philippe et Aurélie donnent également d’autres aliments (toujours bio) à leurs animaux : des produits céréaliers.

Ceux-ci sont produits par un producteur voisin, spécialisé dans les céréales bio, installé du côté de Saint-Pierre-sur-Dives qui leur produit : du méteil (mélange triticale et pois, ou avoine et pois), du foin de luzerne (pour l’apport d’azote) et du maïs fourrage. Les deux fermes procèdent ainsi à un échange annuel paille contre fumier.

 

Des pâturages dans les marais

L’essentiel des pâturages de la ferme se situe au cœur des marais de la Dives (dont l’embouchure se situe entre Cabourg et Divers-sur-Mer), entre les territoires des villages de Putot-en-Auge (où ils utilisent encore une partie des anciens pâturages du père de Jean-Philippe) et leur village de Brucourt.

La situation des pâtures dans cette zone protégée des marais impose, par exemple d’attendre le 25 juin pour commencer la fauche des foins.

« C’est aussi le respect de l’environnement, poursuit l’éleveuse, il y a eu assez de dégâts. On a davantage à gagner en s’adaptant à la nature. » Sur les 94 hectares de prairies naturelles permanentes, 95% sont dans le marais, une situation qui laisse peu de place à la chimie, comme l’explique Jean-Philippe : « tout est lessivé très vite, c’est plus une erreur de surfertiliser ». Certaines parcelles sont inondées plusieurs mois par an. Les Mournaud reçoivent l’aide spécifique MAEC (Mesures agro-environnementales et climatiques)  SPM3 et une MAEC spécifique marais pour la sauvegarde des zones humides. Une série d’obligations y est assortie : la période de fauche et la taille des haies sont retardées, le nettoyage des terres après chaque inondation est obligatoire. Mais ce n’est pas un effort de « respecter la biodiversité », le couple a même remporté le concours 2018 des prairies fleuries du Comité Régional d’Étude pour la Protection et l’Aménagement de la Nature en Normandie (CREPAN).  »
Source : article CREPAN 11 janvier 2019

 

Pâtures le long du grand canal de la Dives

 

 

Françoise Trubert, 13 juin 2022

LIRE NOS REPORTAGES CHEZ LES MOURNAUD en juin 2022 :

* Aurélie et Jean-Philippe Mournaud : portraits d’éleveurs passionnés

* Une année dans la vie de la Ferme des Vents des Marais

* Présentation des troupeaux de la ferme Le Vent des Marais

* Les brebis de la famille Mournaud à la découverte des prés salés

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